Médiathèque de SAMATAN

Angèle SACCUCI
Géraldine de HAAN
SEPTEMBRE / NOVEMBRE 2022
UN MATIN TRÈS TÔT/PRESQUE RIEN
ce n’est presque rien, une ombre mouvante sur un mur éclairé,
un reflet, à peine perceptible
-et je sors de mon quotidien-
c’est moi qui vais là,
qui m’arrête soudain et me vois vivante devant moi.
Un matin très tôt, le soleil est levé, je réalise que j’ai une journée de repos, saute de mon lit et ouvre les rideaux. En passant devant la glace je suis frappée par mon visage éclatant de bonheur…J’ai très envie d’en faire une photo, prends mon appareil et en me retournant vers la glace, je vois une énorme ombre arriver sur la surface argentée…
Ça m’a tout à fait réveillée, l’ombre fait abstraction et profondeur et ouvre un chemin vers autre chose que un selfie/auto-portrait.
Après cet événement j’ai commencé à faire plus d’attention à ces petits moment de passage où je voyais mon reflet, mon ombre projetée sur une surface de la maison et j’ai pris des photos sur le vif.
Géraldine de Haan juin 2016-2022
« L’Art ne consiste pas à mettre quelque chose sur un mur, c’est de faire en sorte que ce mur soit vu d’un autre Oeil.
Ne pas panser, PENSER »
Cette pièce, créée en 2015, en évolution permanente, est avant tout une tentative d’ouvrir tous nos sens à la poésie du quotidien. Ici nuls matériaux « nobles » dédiés habituellement aux Beaux arts. Avec des « bouts de ficelle », construire un espace propice à la divagation de l’esprit où tous nos sens sont mis en éveil. On peut toucher, être touché par la remontée des souvenirs fantomatiques, invitant souvent l’enfance, cette période privilégiée de l’imaginaire, de la créativité exacerbée, du jeu.
Ce motif sur le papier peint, cette ombre sur le plafond produite par un rayon de lumière, sont autant de personnages, d’histoires à inventer. Adultes, nous avons toujours cette possibilité d’aiguiser notre regard au beau des petits riens. Prendre ce temps, s’autoriser. Marcher sur du mou.
Cette installation est aussi un hommage à toutes ces femmes, mères, grands-mères qui accommodent ( raccommodent ) notre quotidien, avec des restes, des petits riens qui illuminent nos vie, et qui sont autant « de madeleines de Proust » dont nous nous souvenons avec tendresse.
Enfin, l’ambiguïté du langage, le jeu de mots, le Je qui émerge lorsque l’on se donne la peine de s’arrêter, un sens nouveau, un sens double, trouble, propice à la pensée. Ce qui se dévoile ( des voiles ! ) dans l’usage perverti du langage, l’expression de l’imperceptible fantomatique du soi.
Trois fois rien !
Tu comptes pour rien, 1 fois
Tu comptes pour rien, 2 fois
Tu comptes pour rien, 3 fois
Rien, rien, rien
Pour 3 fois rien tu comptes.
Angèle Saccucci