L’étable de Coliman n’héberge plus aucun animal depuis des décennies, sinon êtres de l’ombre ; araignées, chauves-souris et autres oiseaux de nuit. Pour autant et si désaffectée qu’elle soit, elle continue d’être habitée. Ne dit-on pas que des lieux ont « encore une âme » ?

Objets, outils désuets, usés et parfois improbables rivalisent avec les stalles encore en place ou pas tout à fait. Le passé n’est jamais bien loin et chacun y pénétrant peut se laisser aller à un voyage vers le sien. Nous vous y invitons. Comment ne pas songer à une activité intense, des meuglements et des odeurs saturées, l’odeur de la paille souillée, du foin ? Peut-être aux enfants qui aidaient à la tâche ou encore s’amusaient dans la fenière…   Peut-être étiez-vous de ceux-là, votre mémoire marquée définitivement. J’en suis.

«  TE SOUVIENS-TU ? » nous invite à ce voyage, un retour à la terre jusqu’à la terre elle-même comme matière à œuvres d’art. De l’argile enfouie jusqu’au tour, la tête, le cœur et les mains d’Akiko Hoshina mettent en formes ses propres souvenirs qui croiseront les nôtres.

Notre mémoire de l’enfance déborde de souvenirs et sensations olfactives, tactiles, sonores, visuelles, affectives. Chaque première fois vécue s’imprime à jamais, jamais nous ne retrouvons la même sensation ; gâteau de mamie, parfum de vêtements séchés au soleil, bruit des animaux de ferme, premier baiser…

Souvenirs enfermés, imprimés, tissés, suspendus… et cuits ! Une manière de les solidifier ? les garder auprès de soi, longtemps encore ?  Tout ce que nous avons laissé derrière nous est parfois deuils ou blessures, mais la force de la vie nous emmène  plus loin, comme ces Goron-Goron joufflus qui pourraient dévaler les pentes en chute infinie. Vêtements d’enfance, stèles comme autant de boites à bijoux disparus… nul doute que l’étable de Coliman soit à la croisée de souvenirs communs. C Bassetto

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