ICARE est un jeune homme qui a perdu des plumes et jusqu’à la dernière ! Sens propre et sens figuré se conjuguent comme le mythe peut recouvrir bien des significations.

Qui n’a pas, dans le labyrinthe de sa vie, eu à choisir une direction, été dans une impasse, souffert d’un choix, regretté, évité, écarté ? Conquérir la liberté se fait au prix de froissements. S’émanciper au prix de ruptures. Ici du père, Dédale, mais au péril de sa vie.

Angèle Saccucci propose l’interprétation d’une quête de vérité par l’adolescent- la lumière- pour dépasser les conservatismes et dissimulations les plus tenaces. Il n’en reste pas moins que son périple, jusqu’au drame, nous concerne tous. ICARE devient I Care (je me soucie de, en anglais).

De qui ou quoi ? De nos espaces de vie et donc de nous tous.

L’humain, cet animal dit supérieur, est bien singulier. Quelle autre espèce détruit son propre lieu de vie, son propre corps ? A moins d’imaginer être une forme de vie indépendante, assis aux côtés d’une nature façonnable, capricieuse et négligeable. Mais, ne sommes-nous pas envahis de milliards de bactéries ? Serait-il sage de s’en débarrasser jusqu’à la toute dernière ? Entre 1 et 2 kilos par individu gèrent notre propre santé mentale et physique… Sont-elles Nous ou bien un grand Autre, des corps étrangers ? Qu’il vienne à en manquer et voilà que les déséquilibres et autres inflammations s’annoncent …

Icare devient celui qui alerte, il est la fièvre, un symptôme. Nul doute que l’installation d’Angèle Saccucci soit une œuvre engagée. L’art doit-il l’être ? Il le peut. Pensons à Anselm Kieffer, Goya, Banksy, Liu Bolin, Rodrigo, JR, Ai Weiwei …

Les droits de l’homme et l’État de droit sous-tendent toute société démocratique, pour un espace meilleur, plus sûr mais, lorsque notre environnement est soumis à rude épreuve comme un corps maltraité, des symptômes se déclarent, des lanceurs d’alerte nous interpellent, tentent de se faire entendre et subissent des pressions parfois agressives, se font piétiner jusqu’au prix de leur vie.

212 militants de l’environnement ont été assassinés en 2019, 196 en 2024.

Les équilibres naturels sont la base des économies et ont permis aux civilisations de croitre, prospérer, penser l’avenir et donc anticiper. Cela est mis à rude épreuve. Inondations, incendies, tempêtes, températures excessives… il n’est pas un jour sans drame pour nous tous et le « corps planétaire ».  Y a-t-il vie possible sans équilibre ?

Christophe Bassetto pour ARTOP

D’autres photographies à venir…